Une ombre plane sur l'enseignement technique et professionnel. En dépit de leurs nombreuses tentatives, ces formes d'enseignement n'ont pas encore réussi à se défaire de l'image négative qui leur colle à la peau. Les élèves et leurs parents sont bourrés de préjugés, que vous pouvez aisément déconstruire en votre qualité d'enseignant. Voici les 10 préjugés les plus fréquents.
Le top 10 des filières d’études porteuses d’emploi compte plusieurs filières STEM. Les diplômes STEM de l’enseignement secondaire permettent donc de trouver rapidement un job. Les élèves titulaires de diplômes STEM s’en sortent particulièrement bien sur le marché du travail. Ce qui est assez logique quand on sait combien les profils techniques sont demandés depuis plusieurs années. Il suffit de jeter un coup d’œil sur la liste des métiers en pénurie du Forem pour s’en rendre compte. Dans le top 10 des métiers en pénurie, 5 sont des métiers techniques.
Chaque forme d’enseignement a ses propres spécificités et priorités. Chaque forme d’enseignement demande donc ses propres compétences et connaissances. Certains élèves font délibérément le choix de l’enseignement technique ou professionnel pour avoir plus de pratique et moins de théorie. Il est dès lors impossible de comparer les filières des différentes formes d’enseignement en termes de difficulté. Quand on regarde la charge de travail, on voit que les élèves investissent autant de temps dans leurs études techniques et professionnelles que les élèves du général. Ils passent même plus de temps à l’école. Dans le général, l’horaire varie de 32 et 34 heures par semaine alors qu’il en compte 34 à 36 dans le technique et le professionnel. Quant au temps que les élèves du général passent dans leurs bouquins, les élèves du technique et du professionnel le consacrent à la pratique sur le terrain.
Les filières du technique et du professionnel accueillent souvent des élèves qui ont dû y « descendre » suite à de mauvais résultats dans le général. Ce système de cascade suscite un sentiment d’échec permanent. Sans oublier que ces élèves se retrouvent ainsi dans des filières qui ne leur plaisent pas vraiment. 19 % des élèves du professionnel et 11 % des élèves du technique déclarent que la forme d’enseignement qu’ils suivent ne leur convient pas. Comment rester motivé dans de telles conditions ? Ces élèves se voient souvent reprocher un « problème d’attitude » alors que leur démotivation est généralement la conséquence de leur parcours chaotique. Les enseignants des sections techniques et professionnelles confirment que seule une petite minorité d’élèves a réellement un problème d’attitude. Qui plus est, le manque de motivation touche aussi les élèves du général.
Les élèves et leurs parents sont nombreux à penser qu’il vaut mieux commencer « en haut », même si la structure technique ou professionnelle serait plus adaptée. Il reste toujours possible de « descendre » par la suite. Le système de cascade qui s’est ainsi créé génère la perception négative que l’enseignement technique et professionnel est une sorte de « filet de sécurité » pour les élèves qui ne réussissent pas dans le général. Ce n’est heureusement pas le cas pour tous les élèves. Selon une étude de terrain, seuls 35,72 % des élèves indiquent avoir choisi de suivre une filière technique ou professionnelle suite à de mauvais résultats dans l’enseignement général. Bon nombre d’élèves se lancent dans une formation technique ou professionnelle par envie, et non par dépit.
La fin des études techniques ou professionnelles ne signifie pas toujours la fin des études tout court. Pourtant, l’enseignement professionnel a souvent la réputation de ne mener à rien d’autre qu’au marché de l’emploi. Or, les diplômés de l’enseignement technique et professionnel (après une 7e année) ont de nombreuses possibilités de poursuivre des études. Ils peuvent notamment suivre divers bacheliers (professionnalisants) ou formations de promotion sociale. En réalité, les élèves de l’enseignement technique et professionnel sont nombreux à avoir envie de poursuivre leurs études. Ainsi, 65 % des élèves du professionnel indiquent qu’ils ont l’intention de suivre des études supérieures plutôt que de chercher tout de suite un emploi.
Selon une étude flamande, les jeunes ont une attitude positive à l’égard des sciences et des techniques, mais sont peu intéressés par les sciences et les techniques à l’école. En moyenne, les élèves obtiennent de bons résultats en mathématiques et en sciences, mais ne sont pas attirés par ces matières. Pourtant, les élèves du troisième degré des filières STEM soulignent avoir choisi ces études par envie et intérêt.
Selon une étude flamande 1,53 % des élèves de l’enseignement général indiquent avoir des amis qui méprisent les autres formes d’enseignement. Mais les élèves de l’enseignement technique sont aussi nombreux à émettre cet avis. Parmi les élèves de l’enseignement professionnel, 46 % indiquent avoir des amis qui méprisent les autres formes d’enseignement. Le problème touche donc toutes les formes d’enseignement dans des proportions comparables.
Il est vrai que la grande majorité des élèves des filières STEM sont des garçons. Mais les filles sont de plus en plus nombreuses dans les écoles techniques, qui observent un véritable effet ‘boule de neige’.
Dans le général, les filières STEM mettent l’accent sur les sciences et les mathématiques, tandis que ce sont la technologie et l’ingénierie qui sont à l’honneur dans les STEM techniques et professionnelles. Et ces dernières requièrent naturellement aussi de bonnes bases en maths et en sciences. Les 4 composantes des STEM sont donc abordées dans les filières techniques et professionnelles, tandis que l’offre est plus limitée dans le général en ce qui concerne la technologie et l’ingénierie.
En effet, les parents sont encore nombreux à envisager le système de cascade et à préférer que leur enfant « essaie d’abord » l’enseignement général. Pourtant, environ 90 % des parents suivraient les conseils des instituteurs. Si vous conseillez une filière technique, les parents de vos élèves en tiendront certainement compte.