À Irchonwelz, dans le Hainaut, l’ITCF Renée Joffroy propose aux élèves différents types d’enseignement, allant du général à l’alternance. Nous avons rencontré son directeur, Alain Valembois, et sa directrice adjointe, Laetitia Houzé, qui considèrent qu’il est de leur devoir de répondre aux projets professionnels des jeunes, quels qu’ils soient. Même s’il n’est pas simple de co-construire une orientation sur base d’un projet au premier degré, ils mettent tout en œuvre pour y arriver.
« Les sections qualifiantes sont souvent encore perçues comme des sections de relégation quand elles sont opposées à la filière générale », reconnaît Alain Valembois. « Or, les élèves du qualifiant trouvent du sens dans leur formation. Ils suivent une forme d’enseignement beaucoup plus concret qui leur permet de trouver plus aisément du sens dans leurs apprentissages. Même si la majorité de ces jeunes ne feront pas d’études supérieures, ils se révèlent dans ces filières professionnalisantes. Elles leur délivrent d’ailleurs deux titres : un CESS en technique de qualification ou un CE6P en professionnel, ainsi que des certificats de qualification. Le CESS reste une motivation très importante pour les parents, mais aussi pour les élèves qui en mesurent surtout la valeur au troisième degré. »
L’équipe de direction rencontre moins de réticences qu’il y a quelques années quand un enfant passe du général ou de technique de transition au qualifiant. Ou tout au moins à la technique de qualification, car le professionnel et l’alternance souffrent encore d’une moins bonne image. « Aujourd’hui, la grande majorité des parents souhaitent avant tout le bien-être de leur enfant », précise le directeur. « Même si cela ne correspond pas à leurs attentes actuelles, ils se disent que leur enfant se sentira mieux et décident de le suivre si cela peut donner du sens à sa vie. »
Certains parents refusent parfois de voir la réalité en face, reconnaît Laetitia Houzé : « Nous suivons de près le parcours scolaire des jeunes. En cas de difficulté, nous interpellons les parents et évoquons avec eux une éventuelle réorientation. La plupart du temps, ils se montrent compréhensifs, mais il arrive qu’ils mettent cela sur le dos d’un manque d’études en affirmant que leur enfant rattrapera son retard pendant les vacances. Le jeune passe alors dans la classe supérieure et les choses ne se passent pas bien. Les parents se rendent finalement compte que notre mise en garde était justifiée. Des changements de section se font parfois en cours d’année, mais c’est beaucoup moins évident. »
Tout comme les écoles d’enseignement général, les établissements d’enseignement qualifiant proposent souvent un premier degré commun et/ou différencié. Mais même si le tronc est commun à tous les établissements et toutes les filières, l’approche est différente. « Il serait heureux qu’un enfant qui montre des prédispositions pour le qualifiant puisse faire son premier degré commun dans une école comme la nôtre. L’enfant se retrouve dans une culture d’apprentissage et d’orientation aménagée et souple, avec moins d’élèves par classe et des activités complémentaires pré-orientantes. Notre valeur ajoutée consiste à montrer ce que nous offrons de plus ou de différent, surtout en ce qui concerne la structure même de l’école dans sa très large offre d’enseignement professionnalisant et l’intelligence de notre équipe éducative qui est à l’écoute des besoins de tous les élèves. Nous essayons vraiment d’aider les jeunes et de leur donner le goût de la filière qualifiante, » plaide Alain Valembois.
« Il y a une grande concertation entre tous les acteurs de l’école au sein des conseils de classe », enchaîne la directrice adjointe. « Cela nous permet d’aiguiller au mieux l’élève et d’agir très rapidement, notamment quand nous sommes confrontés à du décrochage. »